De nouveaux éléments obtenus par Amnesty International et Forbidden Stories ont révélé que les autorités rwandaises ont utilisé le logiciel espion de NSO Group pour cibler probablement plus de 3 500 militant·e·s, journalistes et personnalités politiques. Ce logiciel espion a également été utilisé pour infecter le téléphone de Carine Kanimba, la fille de Paul Rusesabagina, héros du film Hôtel Rwanda.
La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a déclaré :
NSO Group doit immédiatement cesser de vendre ses équipements à des pays connus pour soumettre les défenseur·e·s des droits humains et les journalistes à une surveillance illégale.
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty Internationale
« NSO Group ne peut pas affirmer que ses produits sont uniquement utilisés contre des individus criminels, alors que plus de 3 500 militant·e·s, journalistes et personnalités politiques de l’opposition rwandais, et personnalités politiques et diplomates étrangers ont été choisis comme cibles du logiciel espion de NSO.
« Face à ces preuves irréfutables, l’entreprise ne peut plus se réfugier derrière ses assertions, car son logiciel espion est très clairement utilisé pour exercer une répression au niveau mondial.
« NSO Group doit immédiatement cesser de vendre ses équipements à des pays connus pour soumettre les défenseur·e·s des droits humains et les journalistes à une surveillance illégale.
« Le secteur de la surveillance est hors de contrôle. Les États doivent immédiatement instaurer un moratoire mondial sur la vente, le transfert et l’utilisation d’équipements de surveillance, qui devra être respecté jusqu’à ce qu’un cadre réglementaire garantissant le respect des droits humains soit mis en œuvre. »
Complément d’information
Une grande enquête sur des fuites massives concernant 50 000 numéros de téléphone désignés comme cibles potentielles du logiciel espion de NSO Group révèle que ce logiciel a été utilisé pour favoriser des atteintes aux droits humains à grande échelle partout dans le monde. Parmi les personnes désignées comme des cibles potentielles figurent des chef·fe·s d’État, des militant·e·s et des journalistes, dont la famille de Jamal Khashoggi.
Le Projet Pegasus est une collaboration sans précédent menée par plus de 80 journalistes de 17 médias dans 10 pays et coordonnée par Forbidden Stories, une association à but non lucratif basée à Paris qui travaille dans le secteur des médias, avec le soutien technique d’Amnesty International, qui a mené des analyses techniques de pointe visant à détecter des traces du logiciel espion Pegasus dans des téléphones portables.
Cette enquête vient de révéler que les autorités rwandaises ont choisi de cibler plus de 3 500 numéros de téléphones appartenant à des militant·e·s, journalistes, personnalités politiques de l’opposition, et personnalités politiques et diplomates étrangers avec le logiciel espion Pegasus de NSO depuis 2016.
L’enquête a également révélé que les téléphones de la fille de Paul Rusesabagina, Carine Kanimba, qui vit en Belgique, et de plusieurs personnes de l’entourage de cet homme ont été visés par le logiciel espion Pegasus de NSO Group. Paul Rusesabagina, héros du film Hôtel Rwanda, est actuellement détenu à Kigali, et il risque d’être condamné à une peine de réclusion à perpétuité pour des accusations liées au terrorisme.
L’entreprise de surveillance israélienne NSO Group est financée par les fonds d’investissement privés Novalpina Capital et Francisco Partners, qui ont derrière eux de nombreux investisseurs. Des fonds de pension aux États-Unis et au Royaume-Uni ont également des participations dans cette entreprise qui bafoue les droits.